Comprendre pour apprendre ? Qui, quoi....?

Je lance une petite discussion auprés des enseignants (discussion qui est aussi en cours au sein du forum interne du Kenyu).

Les élèves ont-ils besoin de comprendre ce qu'on leur enseigne pour progresser ?

Sous entendu, doit-on nécessairement tout leur expliquer, voir même, répondre à toutes leurs questions ?

Je suis très intéressé par vos idées et opinions. Alors discutons en...

Selon ma petite expérience, non il n'est pas nécessaire de tout expliquer car c'est surtout le corps qui dois comprendre et non l'esprit...Après nous sommes tous diffèrent.
Certain (comprendre moi) ont un besoin permanent de savoir le pourquoi du comment... A mes débuts je posais des questions très souvent pour bien comprendre ce que je faisait et dans quel but à mon professeur. Pour ceux qui connaissent Thierry Mayaud, il a un art personnel pour répondre à ça: Il fait un large sourire et part ailleurs...
Suite à une discussion avec M. Armand, je pense qu'il ne faut pas tout dire, il faut laisser les gens comprendre par eux même, les laisser comprendre par le corps.
La chose la plus importante à faire comprendre aux pratiquants, c'est qu'ils doivent faire confiance à leur enseignant. C'est lui qui va les guider vers une amélioration de leur Kendo, car le senseï est "celui qui sait".
A ma place d'enseignant, j'ai tendance à répondre à toutes les questions car j'en posait beaucoup moi-même et donc je sais à quel point ont se sent frustré quand on a pas la réponse, mais en même temps cela donne envi de chercher par soit même et c'est parfois plus enrichissant encore... Donc je répond souvent mais parfois je regrette un peu...

Florent Déchenaux

"Les élèves ont-ils besoin de comprendre ce qu'on leur enseigne pour progresser ?"
cette question est très intéressante...et je m'en tirerai par une pirouette...as tu besoin de comprendre pour enseigner et pour progresser...étant donné que le niveau de compréhension augmente avec la progression et lycée de Versailles.
je ne demande pas de comprendre intellectuellement, mais de FAIRE et d'essayer...de rechercher la relation à l'autre en Kihon comme en Geiko, comprendre de l'autre et apprendre de l'autre ...SHOSHIN.
pour moi celui qui comprend "sait", il n'y en a pas au dojo et surtout pas moi
c'est pour cela que l'on vient transpirer

je me dis souvent que je sais lire, mais est ce que je sais vraiment lire quand je tombe sur un livre de Martin Heiddeger ?

j'essaye de donner des consignes simples et claires, en commençant à faire travailler le rôle de Motodashi par les plus anciens, afin que Kakari soit plus serein, l'enseignant à vocation à donner les moyens de la réalisation, il n'a pas d'objectif de résultat, car comme le dit la boutade " un enseignant, seul ne peut pas faire qu'un môme devienne intelligent, alors que ses parents à deux en ont fait un crétin"

c'est à chacun de chercher et peut être que l'autre te fera découvrir quelque chose à laquelle tu n'avais pas pensé, sans même qu'il en ai conscience.
voilà juste ce petit mot ...sans prétention.

Attention, je n'ai pas dis "savoir", j'ai dis "comprendre". Ce sont deux notions extrêment différentes !

Il est clair (encore que) l'on ne comprend bien que ce que l'on sait faire. Est-ce que l'inverse est vrai ? Si je sais faire, cela veut-il dire que je comprend vraiment ce que je fais ?

D'un point de vue élève, je pense qu'il y a quand même des notions "intellectuelles" qu'il faut connaître et comprendre. Il faut comprendre entre autre le fonctionnement d'un sabre. Pourquoi il coupe, comment il coupe. Mais pour bien le percevoir, il faudrait que tous fasse un peu de battodo, ce qui n'est pas possible.

Pour le professeur, je pense qu'il doit comprendre PLUS que ce qu'il enseigne. Cela veut dire, qu'il doit se forcer à aller au-delà de son niveau de compression technique (lié à son niveau de kendo), pour ajouter une dimmension culturelle et intellectuelle à son enseignement, même si cela ne se traduit pas forcément par des mots lors de son cours. Mais sa pratique doit pouvoir refléter sa compréhension du sabre.

J'ajouterai à cela le droit à l'erreur pour le professeur. Exemple : je peux parfaitement comprendre pourquoi je fais telle geste, comment je le fais, l'enseigner et être dans l'erreur. Parce que l'appréhension que j'ai de mes connaissances au travers de mon enseignement se heurte à la compréhension limitée par mon niveau technique.

En gros, je pense faire bien, je pense comprendre bien, et je suis dans l'erreur.

je pense, même si je me trompe, que le plus important est de parler au élèves comme si on parlait à des enseignants, à de futurs hauts gradés, bref à des personnes qui vivent leur pratique avec passion. L'infantilisation de l'enseignement et la main mise des méthodes pédagogiques ministériauxcran'oeufreudienne avec son espéranto technocratique et sa péda-démagogique dont on voit les effets dramatiques au quotidien me donne des boutons. Restons nous même dans la tradition et le respect de ce qu'on nous transmets.
responsabilisons nos pratiquants, faisons leur confiance, donnons leur le gout du risque, de la recherche de l'erreur bien comprise et du grand large, car comme le dit le proverbe "la grenouille au fond du puits ne connait pas l'océan"
j'ai toujours cette phrase en mémoire de Bernard de Backer Sensei objectant le fait qu'un futur enseignant ai laissé dans un coin les kyu entre eux pour s'occuper uniquement de ceux passant leur shodan.
"tu n'es pas là pour former des 8e dan" ou "nous devons transmettre un Kendo de Shogun et pas de petit soldat"
le bon élève ( et le prof est également cet élève) est celui qui cherche par lui même, en allant chercher par lui même et comme le dit le proverbe "quand l'élève est prêt le maitre arrive"